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Nouvelle liste des écoles et des jardins d’enfants Waldorf dans le monde

Une nouvelle liste générale des écoles Waldorf vient d'être publiée. Nous vous invitons à signaler tout détail qui pourrait nous avoir échappé.

 

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anthroposphie.ch

Projet de jardin d'intérieur Écoles Steiner Suisse

Depuis hier après-midi, nous sommes tous dans une situation extraordinaire qui exige de nous des idées nouvelles et inhabituelles. Et ce, dans une période merveilleuse, qui symbolise également un nouveau départ.

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Erziehungskunst

Les adolescents pris dans les réseaux

Les univers de vie au 21e siècle, entre numérisation et Intégration sensorielle. - Auteur : Professeur Peter Loebell, professeur à l’Université Libre de Stuttgart. 

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Congrès annuel 2018 de pédagogie appliquée aux situations d'urgence

Congrès annuel 2018 de pédagogie appliquée aux situations d'urgence

Sous le titre « Le cercle vicieux du traumatisme – Comment la pédagogie appliquée aux situations d’urgence aide à surmonter des traumatismes transgénérationels », nous concentrerons notre attention, lors de notre prochain congrès annuel, sur les possibilités des actions pédagogiques d’urgence face à des héritages de souffrance… >>

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Dessins d’enfants

Dessins d’enfants. Fenêtres ouvertes sur le monde des forces de vie.

Les dessins d’enfants nous racontent comment l’enfant intègre son corps de manière inconsciente. Dans ce que l’enfant dessine, s’exprime un ressenti de ces forces qui oeuvrent pendant les sept premières années de la vie, s’activant à former et organiser la corporéité.  

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Pédagogie Waldorf

Pédagogie Waldorf à 1900 mètres d’altitude au Kenya

Projet du mois de janvier 2018

A l’extérieur de la ville de Kittale, chef-lieu de circonscription et éloignée de la frontière avec l’Ouganda de seulement 25 kilomètres facilement franchissables, Juliet Mia et quelques collègues ont commencé à installer une école de village. 

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Erziehungskunst pour des dons

Jardins d’Enfants à travers le monde : Protection et sécurité pour les plus petits

Dans leur appel à dons actuel, les « Freunde der Erziehungskunst » (« Amis de l’Art de l’éducation ») sollicitent des dons en faveur de Jardins d’Enfants qui se trouvent dans des situations d’urgence aigues. Tous se consacrent aux enfants des familles les plus pauvres - ce qui ne serait pas possible sans aides financières. 

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Les adolescents pris dans les réseaux

Une part de notre vie sociale

Erziehungskunst
Foto: © Armin Staudt-Berlin / photocase.de

pour erziehungskunst.de/ Mai 2018

« Que quelque chose se passe dehors dans la rue ou chez « Instagram et compagnie », il n’y a plus aucune différence aujourd’hui - cela fait partie de notre vie sociale, donc nous y sommes »; c’est ce qu’affirme Robert Campe, un élève de 16 ans d'Hambourg, dans son beststeller »What´s App Mama?«. Pour les jeunes au 21e siècle, cela semble une évidence : smartphone, ordinateur et tablette constituent l’équipement d’un adolescent « normal » en 2017. Un téléphone mobile sans accès internet n’a en revanche aucune valeur. Les appareils sont utilisés pour regarder des films (en »streaming« ), pour écouter de la musique, pour du shopping ou des jeux en ligne, mais avant tout pour la permanence du contact social. 

Tout comme l’ont fait les programmes de télévision pour les générations précédentes, internet avec ses médias sociaux détermine aujourd’hui le déroulement de la journée des jeunes. Dès la sonnerie du réveil le matin, un premier regard au smartphone vérifie si pendant la nuit de nouvelles images ou actualités sont arrivées. Et un service de transmission des informations tel que WhatsApp s’avère totalement indispensable, servant avant tout à l’échange rapide d’annonces courtes. Pour les jeunes possesseurs de smartphones, il va de soi que l’on est relié de manière quasi ininterrompue au réseau et que l’on est en permanence en train d’écrire par-ci par-là via WhatsApp. Les étudiants partent du principe qu’ils reçoivent aujourd’hui « au moins une nouvelle toutes les cinq minutes »; ils doivent se contraindre pour arriver à des temps d’attention un peu prolongés, et il n’est pas rare qu’ils expriment l’impression de pouvoir travailler le mieux lorsqu’ils sont « sous pression ».

Lorsque les jeunes veulent s’informer de ce qui se passe dans le monde, il existe des services spécialisés dans les informations brèves tels que Twitter, qui semblent incroyablement pratiques, « parce que l’on n’est pas assommé d’informations, mais que l’on reçoit tout simplement une brève vue d’ensemble – tout comme on peut survoler les gros titres du journal quotidien », comme le décrit Campe. De plus, les clips vidéos sur YouTube seraient d’une importance essentielle, montrant sans cesse de nouvelles scènes dans tous les domaines de la vie – « depuis la mode, le maquillage, les styles de vie, en passant par la comédie, les séries web, jusqu’aux connaissances, technologies et jeux virtuels ». Campe reconnaît suivre lui-même de manière plus ou moins conséquente 172 canaux de You-Tube, dont l’utilisation se répartit habituellement sur l’ensemble de la journée.

Mais il consulte aussi régulièrement le portail « Instagram », sur lequel chaque utilisateur peut rendre accessibles ses photos personnelles, – une fois par heure. Il serait déjà arrivé à tous les jeunes de son âge de « s’égarer dans l’univers Instagram ». Les images et des vidéos d’environ 5 minutes sont préférées aux textes écrits plus longs sous forme de « blogs », puisque « YouTube et Instagram nous livrent les mêmes informations sous forme compacte ».

Dans un interview sur Tagesschau du 20 mai 2017, l’experte en technologies d’internet Catarina Katzer explique pourquoi il est, ce faisant, toujours plus difficile de discerner la vérité des fausses nouvelles : »Nous nous habituons à des petites « bouchées », parce que nous devons sauter d’une info à l’autre. Nous savons que nous ne lisons que 10 à 15 pour cent de tout ce que nous téléchargeons en ligne. Tout le reste tombe pour ainsi dire dans un trou noir. Nous devenons toujours plus superficiels dans la gestion et l’assimilation des informations. Dans notre tête il ne se passe plus aucune discussion. Je ne perçois plus les informations pour les ajuster d’une certaine manière en réfléchissant si cela pourrait être juste ou non». Ce qui est recherché, c’est la vue d’ensemble rapide sur les événements actuels, au lieu de devoir s’encombrer de considérations longues et ardues, avec des pensées compliquées, ou d’une argumentation différenciée. Il s’agit de reconnaissance sociale, de l’image positive que l’on donne de soi, de l’échange rapide d’informations et d’opinions. Il semble avant tout important de ne rien rater. On peut montrer à tout moment, publiquement ou au sein d’un cercle restreint d’amis, quelles sont les nouvelles, les images ou les vidéos que l’on aime ou que l’on rejette. Toutes les informations pensables sont disponibles à tout moment. Mais en général il s’agit d’abord de s’amuser, ou d’être drôle, sans qu’un sens plus profond doive se cacher derrière cela ; et jouer sur son smartphone constitue en première ligne un passe-temps.

 

Mise en scène au lieu d’expérience

Pour que les vécus personnels puissent être transmis ou reçus via les médias, les utilisateurs de ces moyens numériques doivent, en règle générale, les fixer sous forme écrite ou en image. La tendance à photographier abondamment une expérience forte sera par conséquent répandue, par exemple un repas en commun au restaurant. Campe décrit comment, après que les pizzas et les pastas aient été servies, tous les membres de la famille doivent attendre que la fille ait photographié toutes les assiettes sous toutes les perspectives pensables. Après qu’elle soit aussi montée sur la chaise, pour immortaliser la table bien mise et festive vue d’en haut, le repas a refroidi. La multiplicité des expériences sensorielles simultanées, qui peut nous apporter un vécu global pendant un repas, perd de son importance face à la mise en scène.

Si l’univers de vie de la période postmoderne consiste en majeure partie en images postées et en annonces mises en scène, dans lesquelles les perceptions sont réduites à la vue et à l’ouïe, alors le reste du corps en tant qu’organe de résonance se trouve exclu. Or le ressenti de notre propre corps en relation avec les autres sens constitue le fondement de la perception de toute réalité extérieure. Car les sens du toucher, de la vie, le sens de son propre mouvement et celui de l’équilibre, participent et contribuent toujours au processus lorsque nous reconnaissons des objets dans notre environnement. Selon Rudolf Steiner, c’est par l’interaction de tous ces sens avec la perception visuelle ou auditive, que naît notre conscience de la réalité. Nous ressentons les objets toujours à travers plus d’un sens seulement. Par exemple, dans la perception du monde extérieur par l’intermédiaire du sens visuel, « une sourde perception de notre propre existence sera toujours présente ». Ce qui est vu appelle chez l’observateur la représentation d’un objet, et en même temps le sens de l’équilibre lui transmet, sous une forme inconsciente, le ressenti que ce qu’il voit existe réellement. Cette action conjointe simultanée est appelée aujourd’hui « intégration sensitive » ; elle constitue, d’après Rudolf Steiner, la base pour le lien à la réalité de toute action humaine.

Les sens corporels ne nous permettent pas seulement de discerner la réalité de la fiction, ils influencent aussi notre compréhension émotionnelle et mentale du monde.

C’est ainsi qu’il a été constaté, lors d’études sur l’»Embodied Cognition«, que des personnes avec une position corporelle bien redressée et une expression souriante sur leur visage se remémoraient plus facilement les expériences positives de leur vie, que celles qui ont testé une attitude affaissée, repliée sur soi, et ont adopté une mimique négative. Le mouvement des bras influence apparemment aussi nos sentiments et nos postures intérieures, selon que nous bougions nos mains vers nous-même ou loin de nous-même.

 

L’écran rend incertain

Pour la reconnaissance de la réalité et un jugement sûr il est important de faire l’expérience de son propre corps. Dans son livre « Resonanz » (Résonance), le sociologue Hartmut Rosa pose de manière conséquente la question : « Comment la nature de la relation… humaine au monde se modifie-t-elle, lorsque les écrans deviennent le moyen de transmission de la quasi-totalité des relations au monde ». Une manière de prendre part au monde, qui se limiterait majoritairement à regarder fixement un écran, pourrait créer chez l’usager une incertitude, une déstabilisation de plus en plus forte, - avec deux conséquences possibles : Ou bien il réduit de manière radicale l’usage des médias numériques, et endosse le risque de perdre ses contacts sociaux. Ou bien il pourrait être tenté de compenser son incertitude croissante par le fait d’absorber encore plus d’informations. Il s’ensuit une crainte obsessionnelle de rater quelque chose, et de perdre le contact avec les personnes qui ont un statut de référence sur internet.

Et Robert Campe le confirme: «Je ne pourrais pas du tout dire pourquoi cela est pour moi aussi « mega » (sic) important de lire immédiatement chaque annonce. Peut-être que cela est une sorte de truc culturel, c’est-à-dire que pour nous adolescents, il est tout simplement incontournable d’être atteignables en continu et de répondre aussi vite que possible ». Parce qu’il est habitué à enregistrer très vite chaque nouveauté et à la commenter immédiatement, sans que la totalité de ses expériences sensorielles y participe, le procédé reste toujours insatisfaisant pour lui et doit laisser place à une surenchère de nouvelles impressions. Il en résulte une dynamique d’accélération, que Hartmut Rosa décrit de la façon suivante dans son livre « Beschleunigung und Entfremdung » (« Accélération et éloignement ») : « Grâce à la vitesse des transports et de la communication, l’espace semble quasiment se ‘contracter’ ».

Lorsqu’une quantité infinie d’informations est accessible en permanence, cela empêche d’exercer son penser propre, grâce auquel la vie peut apparaître comme une globalité porteuse de sens. Car c’est uniquement à travers notre propre activité de penser que nous pouvons reproduire intérieurement les manifestations du monde et les saisir dans leur signification. Parmi les compétences centrales qu’exigent les univers de vie radicalement modifiés du 21e siècle, il y a selon Frank Thissen, professeur spécialisé dans les médias à Stuttgart, à côté d’une pensée critique et de la capacité à résoudre des problèmes, la compétence d’information, « c’est-à-dire le choix ciblé, l’évaluation critique et l’usage pertinent des informations », ainsi que la faculté à fréquenter de manière responsable les médias sociaux. Cela ne signifie pas seulement que l’on sache manier les nouvelles techniques, mais que, sur la base des expériences sensorielles générales, l’on soit largement en mesure de porter des jugements valables. Une supposée « compétence en matière de médias », au sens d’une utilisation non réflexive de techniques de communication, empêche peut-être justement que les adolescents comprennent et utilisent de façon responsable les nouvelles techniques.  

 

Seul celui qui perçoit son corps, peut rencontrer les autres

La perception sous-consciente de son propre corps ne constitue pas seulement une base essentielle pour appréhender et comprendre la réalité, mais aussi pour rencontrer les autres êtres humains. Par le fait qu’ils imitent les autres, les petits enfants activent tout leur corps en tant qu’organe de résonance pour l’attitude intérieure et le geste d’âme de ce qu’ils perçoivent. A travers la recherche sur l’embodiment (les modes de réalisation), il a pu être mis en évidence que la résonnance relationnelle entre les êtres humains ne peut pas être limitée aux processus neuronaux. Car la perception de mouvements ou l’observation de la mimique des autres personnes conduit directement à une activation correspondante de notre propre musculature, comme l’a constaté le chercheur en sciences de l’éducation Christian Rittelmeyer. Celui qui contemple un visage d’expression triste ou joyeuse, tend automatiquement ceux parmi les muscles de son propre visage, qu’il faudrait activer pour produire l’expression observée. L’imitation repose donc fondamentalement – également chez l’adulte – sur une activité de son propre corps, activité à peine visible extérieurement parlant, avant qu’un ressenti conscient apparaisse par le biais du système neuronal.

Les résultats de la recherche moderne confirment différentes indications de Rudolf Steiner, qui déjà au début du 20e siècle a décrit des modalités sensorielles dans le domaine social, par lesquelles nous pouvons percevoir les pensées et le Moi d’un autre être humain : La perception des pensées de l’autre naît d’une activité intérieure, par laquelle j’imite l’activité de penser de l’autre en renonçant à mes propres représentations.

Ce processus ne saurait être réduit à certaines régions corporelles, et n’est pas non plus limité au cerveau. Mon corps tout entier et tous mes organes sensoriels sont partie prenante et participent à la perception de l’autre Moi. C’est ainsi que je fais l’expérience de celui qui me fait face, non pas en tant que somme de différentes caractéristiques, mais comme un tout. Devant cet arrière-plan, les rencontres humaines réelles, imprégnées d’intérêt, avec leurs impondérables, leurs possibilités et leurs risques, nous apparaissent dans toute leur inestimable signification.

C’est ainsi que Campe recommande aux parents qui se soucient de la consommation excessive de médias faite par leurs enfants : « Et si vous avez vraiment le sentiment que votre ado dérape un peu trop dans l’univers coloré des séries, - peut-être qu’alors le problème se situe tout à fait ailleurs ? Est-ce que, peut-être, quelque part, quelque chose va justement vraiment mal, au point que votre progéniture doive fuir de cette façon ? Le bon vieux dialogue pourrait alors s’avérer une aide. »

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A propos de l’auteur : Prof. Dr. Peter Loebell est professeur à la Freie Hochschule (Université Libre) de Stuttgart.

Littérature : T. Fuchs: Das Gehirn – ein Beziehungsorgan, Stuttgart 2010 (Le cerveau, un organe relationnel) | S. C. Koch: Embodiment. Der Einfluss von Eigenbewegung auf Affekt, Einstellung und Kognition, Berlin 2013 (Embodiment. L’influence du mouvement propre sur l’affect, le positionnement et la cognition) | G. Lembke/I. Leipner: Die Lüge der digitalen Bildung, München 2015 (Le mensonge de la formation numérique)| Chr. Rittelmeyer: Leibliche Erfahrung und Lernen. Über den Sinn einer allseitigen Sinnesbildung. (Expérience corporelle et apprentissage. De la signification d’une formation sensorielle globale) In: R. Hildebrandt-Stramann / R. Laging, K. Moegling (Hrsg.): Körper, Bewegung und Schule. (Corps, mouvement et école) Teil I: Theorie, Forschung und Diskussion, Kassel 2013 (Partie I : Théorie, recherche et discussion)| R. Steiner: Von Seelenrätseln, GA 21, Dornach 1983 (Les énigmes de l’âme)| F. Thissen: Lernen und Leben im 21. Jahrhundert. (Apprendre au vivre au 21e siècle). In: Universitas, 71/2016

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Le numéro actuel de la revue erziehungskunst.de (L’art de l’éducation) de mai 2018 

Thème : Stimuler ou exiger ? 
Mai 2018

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