Oui, je veux contribuer à un avenir différent
Il nous est demandé un engagement total. En tant que personnes s’engageant en toute liberté et avec courage. Pour la paix mondiale. Pour la maîtrise des problèmes économiques, climatiques, sanitaires, sociaux et écologiques. La montagne semble gigantesque. Des porteurs d’initiatives audacieux, prennent la parole dans cette édition du FondsGoetheanum. Ils nous présentent leurs réponses de façon convaincante et montrent le chemin vers un monde à venir différent, fondé sur l’initiative et la solidarité. Ils s’inscrivent dans le champ de recherche anthroposophique. Nous les encourageons et les soutenons. Ils nous encouragent et nous soutiennent. Par votre don, vous permettez la poursuite de ce précieux travail de recherche.
Un grand merci pour votre don sur IBAN :
CH55 0900 0000 1021 2832 2
Construire l'avenir – librement et avec courage
La démocratie a besoin de notre liberté. Elle manifeste de plus en plus son impuissance à œuvrer en faveur de la paix dans le monde, mais aussi à faire face aux problèmes économiques, climatiques ou sanitaires. Est-ce à dire que la démocratie n’est pas la panacée pour gérer nos sociétés et qu’il faut la faire évoluer ?
La réponse pourrait nous surprendre, car c’est oui. Voyons pourquoi. La personne humaine qui en est le cœur n’est plus la même aujourd’hui qu’il y a deux cents ans. Ce qui frappe, c’est l’individualisation extrême qui la caractérise. Elle sait tout mieux, revendique partout son droit à sa liberté et clame: « Je veux pouvoir décider ! ». Cette exigence perturbe le bon fonctionnement de la démocratie qui décide selon la majorité et laisse les minorités pour compte. La cohérence de la société est mise à mal. Pourtant cette individualisation devient une composante de la vie sociale dont on ne peut plus ne pas tenir compte. Mais comment ?
L'individualisation est incontournable
Cette vie individuelle, de quoi est-elle faite ? Ce sont nos facultés, nos préférences, nos points de vues sur le monde et sur l’être humain, sur la technique, nos choix de vie, nos engagements, au travail et dans nos loisirs, nos excellences manuelles ou intellectuelles, nos émotions aussi, nos amours, nos joies, nos souffrances... Elle est la source de toutes les impulsions créatrices dans notre société. Pourtant cette vie individuelle voit son élan coupé par la nature même du processus démocratique avec sa gestion parlementaire où c’est la majorité qui décide, bref : l’inertie qui caractérise toute gestion collective, même lorsqu’elle est animée de la meilleure volonté.
C’est là que la démocratie peut évoluer en faisant une place plus grande à la liberté. Avec ses institutions démocratiques, l’État a pour mission principale de prendre soin de la dignité des citoyennes et citoyens, de favoriser le terrain d’une entente réciproque par une constitution et des lois adéquates et de les protéger par une police, éventuellement une armée.
Lâcher prise
Qu’il se concentre sur cette tâche essentielle. Et qu’il se retire peu à peu de la gestion et de la planification de ce qui relève de la vie individuelle. Alors les écoles, de la plus élémentaire à la plus spécialisée, la formation sous toutes ses formes, la recherche scientifique, la création artistique, mais aussi, eh oui, tout ce qui relève de la santé, et bien sûr les médias, le développement et le partage des idées, ne seraient plus commandités et financés par l’État, mais gérés directement par celles et ceux qui y sont actifs et responsables – les personnes qui enseignent, celles qui sont engagées dans la recherche, celles qui soignent ou qui créent, car elles sont au contact immédiat de la réalité et des besoins émergeants dans leur domaine.
La démocratie pourrait aussi évoluer en se retirant d’un autre domaine, celui de la gestion et de la planification de certains biens et services. Comme le montre la crise actuelle, l’approvisionnement alimentaire et énergétique, ou la gestion du climat ne peuvent être l’affaire d’un seul État, ni de décisions prises à la majorité d’une population ou d’un parlement. Pour ces questions-là, les enjeux dépassent le cadre local et les engagements doivent être considérés à l’échelle d’un continent et même de la planète. Là aussi, l’État devrait lâcher prise et passer la main à des instances de coopération constituées pour prendre soin des ressources planétaires et des besoins de tous.
Perspectives
L’évolution nécessaire de l’État démocratique consiste en ceci qu’il accorde sur son territoire une autonomie croissante à ce qui repose sur l’individu et toutes les formes de cultures qui naîtront spontanément des nombreuses initiatives dès qu’elles seront débarrassées du corset de l’administration démocratique, ainsi qu’une autonomie à la vie économique, dont la tâche sera de pourvoir aux besoins de chacun.
Marc Desaules, initiant du FondsGoetheanum