Conférence de Rémi Mogenet

Blaise Cendrars, un « eubage » du XXe siècle

Blaise Cendrars (1887-1961), de son vrai nom Frédéric Sauser, est issu d’une famille qui avait quitté au XVIIIe l’Oberland bernois et leur commune d’origine Sigriswil pour tenter de survivre ailleurs. Son père, Georges Frédéric, avec qui il semble avoir eu une relation très conflictuelle et de ce fait, il l’a fait disparaître de ses souvenirs et de ses archives, est un négociant instable. Sa mère, Marie-Louise Dorner, neurasthénique, semble négliger son fils cadet. Frédéric Louis a une sœur et un frère, Georges, qui deviendra un professeur et un éminent juriste sous le nom d’alliance Sauser-Hall. Il est Né à la Chaux-de-Fonds, c’est à Neuchâtel qu’il a fait ses premières études, avant de partir en Russie pour travailler avec un horloger. Poète avant tout, il part bientôt à New York, puis à Paris, où il s’engage dans la Légion étrangère et participe à la Première Guerre mondiale. Là, il perd sa main droite – et a comme une fulgurance : la vision de cette main coupée, montant au ciel ! Désormais, dit-il, elle écrira ses livres  depuis les étoiles : la main gauche ne fait que taper à la machine ce que lui dicte l’autre, perdue. Il s’affiche comme un « eubage », c'est-à-dire, un poète de la classe des druides, parmi les anciens Celtes. Il écrit en conséquence, assurant pénétrer le monde spirituel et en rendre compte par la voie imaginative. Délaissant ses anciens amis poètes, dont il dénonce le caractère artificiel, il s’adonnera à l’écriture de récits visionnaires, qui approfondissent l’expérience sensible par la perception du monde supérieur. Quoique naturalisé français, universaliste dans son approche culturelle, il conserve toute sa vie en lui l’esprit libre de la Suisse.

Rémi Mogenet, docteur en littérature et poète, présentera les énigmes de cette biographie d’écrivain, et lira des exemples significatifs de son œuvre.