
En comparaison avec les systèmes conventionnels, les systèmes biologiques, biodynamique D (Demeter) et bio-organique O (Bio Suisse), reçurent – exclusivement par fertilisation naturelle – en moyenne au cours des rotations culturales:
55 % de la totalité de l’azote
25 % de l’azote soluble (exclusivement sous forme de fumier et de lisier)
65 % de la quantité de potassium
73 % de la quantité de phosphore
Au cours des six périodes de rotation culturale et en moyenne pour toutes les cultures, on utilisa, par comparaison avec les deux systèmes conventionnels, comme moyen de protection des végétaux:
dans le système biodynamique D (Demeter):
3 % de la quantité totale des systèmes conventionnels (Bacillus thurigiensis ssp tenebrionis pour les pommes de terre)
dans le système bio-organique O (Bio Suisse):
13 % (Bacillus thurigiensis et préparations au cuivre contre le mildiou de la pomme de terre)
Des calculs avec des valeurs standard actualisées montrent que les systèmes biologiques consomment 30 % de moins en énergie par surface que le système conventionnel C et 60 % de moins que le système minéral M. Les différences sont plus petites par unité de rendement. Elles sont dues surtout à la forte consommation d’énergie pour les engrais et les produits phytosanitaires de synthèse pour les systèmes conventionnels.
Miroir de l'agriculture suisse

Texte : Dr Paul Mäder, Dr Andreas Riessbach, Dr Hans-Martin Krause, tous du FiBL
La simulation du type d’exploitation mixte
En Suisse, on trouve encore beaucoup d’exploitations mixtes pratiquant agriculture et élevage. Ce système permet une économie circulaire en ce qui concerne le fourrage et les éléments nutritifs. Les animaux mangent du trèfle et de l’herbe, le « fourrage brut », ils produisent du lait et de la viande. Et leurs déjections sont valorisées en précieux engrais de ferme sous forme de fumier et de lisier pour la fumure des champs et des prairies. Tant pour la fertilité du sol que pour l’efficience d’utilisation de substances nutritives comme l’azote, ce type d’exploitation présente de nombreux avantages. C’est pourquoi, dans l’essai DOC, on a simulé ce type d’exploitation mixte, en ce qui concerne le choix des cultures et les engrais de ferme.
La rotation culturale, centre de l’agriculture durable
La succession des cultures est nommée « rotation culturale ». Une rotation équilibrée est en agriculture l’élément central d’une agriculture durable qui doit travailler le plus largement possible sans pesticides ni engrais de synthèse. Dans le DOC, on a tenu compte des cultures pratiquées dans le Leimental (Bâle-Campagne) où se trouve l’essai en plein champ et la rotation culturale a été constamment optimisée en ce qui concerne l’utilisation des substances nutritives, les maladies et les nuisibles, ainsi que les adventices.
Jusqu’alors, l’essai a connu six cycles de rotation de sept ans. La rotation actuelle dans le DOC est : maïs d’ensilage - soja – blé d’automne - pommes de terre - blé d’automne et deux années de trèfle. Le maïs et le soja ont été intégrés à la rotation à partir de 2000 pour prendre en compte le développement de ces cultures. Blé, soja et pommes de terre servent l’alimentation humaine directe, le trèfle et le maïs d’ensilage sont destinés au fourrage. Le trèfle et le soja fixent l’azote atmosphérique à l’aide de rhizobiums et rendent superflus des amendements azotés minéraux dans le système biologique. Dans tous les systèmes, les mêmes variétés sont cultivées - nous veillons dans le choix de ces dernières à leur adaptation aux systèmes biologiques et conventionnels. Le climat sur le site de l’essai est doux, avec des temlogiques requises » (IP). Dans les deux systèmes de culture biologiques, nuisibles et maladies sont principalement régulés par le choix des variétés et des pratiques culturales comme la rotation des cultures, et les adventices traitées en outre mécaniquement avec des sarcleuses tirées par tracteur.
La particularité des systèmes conventionnels, en plus des produits phytosanitaires, est l’utilisation de régulateurs de croissance chimiques pour le blé, visant à raccourcir les tiges par un apport supplémentaire d’azote pour lutter contre la verse. Dans le système biodynamique D, nous apportons, en plus des préparations évoquées plus haut pour le compost, les préparations bouse de corne et silice de corne pour le sol et les cultures. La bouse de corne est épandue au début du printemps et à la fin de l’automne sur toutes les parcelles en biodynamie et une à deux fois sur les jeunes plantes. La silice de corne est pulvérisée deux à trois fois sur les plantes en croissance.
30 à 60% d’énergie en moins
Le facteur le plus important dans la croissance des plantes est l’énergie solaire, qui transforme en sucre le CO2 grâce à la photosynthèse réalisées par les plantes vertes. Mais l’agriculture consomme de l’énergie également sous forme de carburants et de lubrifiants pour tracteurs et autres machines. En outre de l’« énergie grise » se trouve aussi dans les adjuvants, les engrais et les produits phytosanitaires, mais également dans les semences.
Cette énergie provenait jusqu’alors presque exclusivement de sources fossiles, donc en dernière analyse de plantes et d’animaux qui se sont transformés au cours de très longues périodes en pétrole, gaz et charbon sous l’effet de la pression et de la pauvreté en oxygène. Dans un calcul global visant à établir un bilan écologique, on a calculé le besoin énergétique direct et indirect (gris) qui a été nécessaire dans un champ avec des tailles standard de parcelle et des machines standard.
Malgré ces énormes économies de moyens, les biosystèmes atteignent 85 % de la production par rapport aux systèmes conventionnels sur toute la durée d’essai, en moyenne de toutes les cultures. Voir aussi la page suivante.
L’illustration à la page 5 [dans l'article suivant, NDLR] présente les dépenses liées aux produits phytosanitaires, à l’engrais et à l’énergie ainsi que les bénéfices du blé, du soja et des pommes de terre
Sources
NEMECEK, T. DUBOIS, D. HUGUENIN-ELIE, O. & GAILLARD, G. (2011). Life cycle assessment of Swiss farming systems: I. Integrated and organic farming. Agricultural Systems 104(3), 217-232.
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