FondsGoetheanum: Pandemie

La résilience individuelle, un facteur décisif

L’approche de la maladie et les thérapies se transforment sans cesse.

Cette contribution complète les explications de base des pages 1-3.

Personne ne connaît la durée de l’impact de la pandémie en de nombreux domaines. Pour le traitement des patients, la médecine peut toutefois s’appuyer sur un nombre croissant d’expériences très bien documentées au cours des derniers mois dans beaucoup de pays. Il s’avère que notre attitude peut parfaitement influencer le cours et l’évolution de la maladie.

La résilience des personnes infectées est essentielle

Dans une infection due au SARS-CoV-2, il convient de noter l’âge du patient, le moment et le lieu du contact avec l’agent pathogène. On sait depuis longtemps que la santé et la capacité de résistance (résilience) des personnes infectées jouent un grand rôle : nombreuses sont celles qui ne présentent aucun symptôme, d’autres sont simplement légèrement malades.
Les traitements proposés par la médecine conventionnelle sont limités. En tant que pédiatre, je connais le souci causé par les maladies infectieuses pour lesquelles il n’existe aucun « antibiotique » efficace ni de vaccin fiable. Et c’est exactement le cas pour la Covid-19, ce qui provoque parmi les médecins et les populations de la planète de grandes peurs.
Mais en médecine, il n’y a pas que des médicaments « contre » et des vaccinations : il existe des moyens efficaces de renforcer la résistance des patients, même pendant la maladie. Les évolutions graves de la Covid-19 que j’ai pu observer concernaient souvent des personnes déjà affaiblies avant la contamination. La maladie attaque avec force la respiration et la circulation, notre « système rythmique », que nous pouvons fortifier par notre mode de vie et une prévention ciblée. Par exemple, il est important de dormir suffisamment et de faire de l’exercice quotidien au grand air.

Nous ne sommes pas livrés sans défense

La médecine anthroposophique allie compétence allopathique et stimulation ciblée des forces de vie et de défense des patients, et elle a développé pour la Covid-19 des concepts prophylactiques et thérapeutiques, disponibles au niveau international, et en évolution permanente depuis mars 2020 (1). L’exposé d’experts chinois lors d’une audition de l’OMS sur la médecine complémentaire pour la Covid-19, fin mars 2020, attira l’attention internationale sur le fait qu’en Chine, 90 % des patients atteints de la Covid avaient été traités par la médecine chinoise traditionnelle, avec des succès notables. Les substances amères végétales utilisées jouent aussi un rôle important dans la médecine anthroposophique.

La médecine adaptée à l’individu : un chemin prometteur

Associer les meilleures performances de la médecine conventionnelle, comme dans le domaine des soins intensifs, à une médecine complémentaire expérimentée, par exemple dans le traitement d’inflammations pulmonaires virales par des remèdes naturels et des applications externes, est une tendance confirmée pour la Covid-19 et pour de nombreuses maladies qui se répandent sur le globe. Une médecine polarisée sur l’agent pathogène a besoin d’être complétée par une médecine adaptée au patient individuel, dont elle perçoit les potentialités et les faiblesses spécifiques, dont elle sait stimuler la santé et les capacités de résistance.

Comment la production d’antibiotiques mène à la résistance aux antibiotiques

Des recherches de médias allemands (NDR, WDR et Süddeutsche Zeitung) témoignent de situations menaçantes dans la production des antibiotiques : « Autour des usines en Inde, où presque tous les grands groupes pharmaceutiques commandent leur production, de grandes quantités d’antibiotiques passent dans l’environnement. Il naît ainsi de dangereux agents pathogènes, résistants, qui se répandent partout. La plupart des antibiotiques sont fabriqués en Asie du Sud-Est dans des conditions irresponsables. En plus des pollutions environnementales locales, l’autre conséquence est le transport par les touristes d’agents pathogènes multirésistants. »
En Suisse, le problème de la résistance croissante des bactéries aux antibiotiques est accentué par la fréquence et la durée de traitements par antibiotiques en médecine humaine. Cette situation appelle des concepts alternatifs, car nous voulons à l’avenir pouvoir traiter des patients gravement ou très gravement malades, lorsque c’est nécessaire, par des antibiotiques efficaces. Il est avéré qu’une médecine intégrative comme la médecine anthroposophique – associant médecine conventionnelle et médecine complémentaire – contribue à une réduction notable des antibiotiques et autres médicaments nuisibles pour l’environnement.

L’élevage industriel, réservoir d’agents pathogènes multirésistants

L’élevage industriel, qui dépend entièrement des antibiotiques, est une source majeure d’agents pathogènes multirésistants. En tant que médecins, nous devons de toute urgence exiger un renoncement d’ampleur aux antibiotiques dans l’élevage, afin que ces médicaments à l’avenir puissent être encore efficaces pour l’homme. Exiger en fait un renoncement à l’élevage industriel. Favoriser une agriculture écologique, source de biodiversité importante et un élevage lié au sol, respectueux et conforme aux besoins spécifiques de chaque espèce.
De même, l’élevage et l’abattage d’animaux domestiques ou sauvages, réalisés dans le mépris des bêtes, peut faciliter le passage sur l’homme de virus dangereux et déclencher des pandémies. L’élevage industriel d’animaux sauvages existe aussi dans l’UE : au Danemark, 19 millions de visons, après une captivité cruelle, sont tués pour leur fourrure. La gestion de ces entreprises est insupportable sur le plan moral et écologique. Le risque d’une prochaine pandémie virale, qui pourrait être beaucoup plus dangereuse que la Covid-19, du fait de l’élevage industriel, est élevé. Il y a donc urgence politique et économique à privilégier les aspects écologiques de l’agriculture (voir l’article en page 5).

Quel est le point de vue sur l’avenir ?

Il faut une vue d’ensemble, une nouvelle façon de percevoir, de penser et d’agir. Le mot de ralliement One Health désigne un but essentiel. Il appelle à considérer conjointement et promouvoir durablement la santé de l’homme et de l’animal. La médecine écologique exige de nous un retournement de la pensée. Si nous voulons favoriser la santé sur le long terme, nous avons besoin d’un modèle commun, comme celui qu’avait à l’esprit il y a cent ans Rudolf Steiner, le fondateur de l’agriculture biodynamique, de la pédagogie Waldorf, de la médecine et de la pharmacie anthroposophiques.
Notre mode de vie actuel est fondamentalement guerrier, il veut dominer les animaux et les plantes et vise principalement le profit personnel maximal. Il convient de percevoir le coût véritable de la façon de vivre occidentale actuelle, répandue dans le monde entier. La pandémie et le confinement nous montrent avec insistance ce qui se passe lorsque nous devenons finalement nous-mêmes victimes de cette guerre contre la nature.

Chercher l’équilibre et la justice

L’attitude écologique a pour but un « vivre-ensemble » durable, qui prenne en compte les besoins vitaux de l’autre, qui tende vers l’équilibre et la justice entre les hommes, et entre les hommes et la nature. La Suisse sait par expérience que la paix mène plus loin que la guerre. Pensons à nos enfants, à nos petits-enfants : un tournant est nécessaire, et chacun de nous peut y contribuer.

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Georg Soldner, Directeur adjoint de la Section Médicale au Goetheanum

(1) Soldner, Georg, Breitkreuz, Thomas: Covid-19. Verfügbar unter https://www.anthromedics.org/PRA0939-DE, 1.7.2020. Soldner, Georg, Breitkreuz, Thomas: Covid-19.Available at https://www.anthromedics.org/PRA0939-EN, 21.7.2020.

(2) Jeschke E. et al.: Verordnungsverhalten anthroposophisch orientierter Ärzte bei akuten Infektionen der oberen Atemwege. Forsch Komplementärmed 2007;17:207-215. https://doi.org/10.1159/000104171