FondsGoetheanum: Geld

 

 

Sa conception du rapport à l’argent : « Quand on laisse l’argent s’accumuler et qu’on ne le remue pas, il se met à puer, exactement comme le fumier. »

 

Exemple  de l’efficacité d’une portance financière collective

 
«Soixante-dix prêts sans intérêts, dons et cautions ont contribué à l’achat de la ferme.»

Prêt sans intérêt et désendettement

Depuis de nombreuses années le Konsumentenverein Bern (« Association de consommateurs de Berne ») et la Stiftung für Mensch, Mitwelt und Erde (« Fondation pour l’Homme, l’Environnement et la Terre »)  soutiennent le financement des fermes biodynamiques. Ces institutions proposent un modèle simple, mais efficace. Elles prêtent de l’argent aux paysans sous forme d’un crédit sans intérêts. La condition est que le prêt soit remboursé dans un délai fixé en commun.
Le montant de l’annuité est fixé par accord entre le prêteur et le chef d’exploitation. Avant d’effectuer les versements, les prêteurs visitent la ferme, font ainsi connaissance des personnes et découvrent la situation de la ferme. Ainsi une confiance mutuelle peut s’établir.  Les prêts sans intérêts constituent pour les emprunteurs une décharge financière considérable.
La Stiftung zur Förderung der Rudolf Steiner Pädagogik in der Schweiz («Fondation pour la promotion de la pédagogie Rudolf Steiner en Suisse ») propose un modèle similaire, avec des résultats également positifs.

Du rachat de la terre à la ferme

La valeur courante d’une ferme est trois fois supérieure  à sa valeur de rendement. Comment une famille du Randen – grâce  à un rachat foncier solidaire  – a pu acquérir une ferme, ce dont en réalité elle n’avait pas les moyens : le récit

Herman Lutke Schipholt exploite depuis 14 ans avec sa femme Regina la ferme du Randen près de Siblingen, dans le canton de Schaffhausen. Ils louent cette ferme à bail. Fin 2010, une ferme se trouva en vente dans le village. Regina et Herman firent une offre. La taille de l’exploitation réunissant la première ferme à bail et cette nouvelle ferme autorise une gestion commune avec les fils et résout ainsi en même temps le problème de succession.

Herman Lutke Schipholt avec quelques-unes de ses bêtes. Des prêts sans intérêts, des dons et des cautions ont permis l’achat de la ferme. Un bon modèle.

Prix de vente trois fois plus élevé que valeur de rendement.

Le prix de vente correspondait approximativement à la valeur courante, c’est-à-dire à la valeur  de la ferme calculée sur la base du prix actuel de la terre dans cette zone agricole  et des bâtiments agricoles. La terre, le foncier sont livrés à la spéculation et deviennent de plus en plus chers, dans le domaine agricole également. Le rendement d’une exploitation agricole est par nature limité. Cette dernière peut obtenir un certain rendement, calculé en francs par les Services de l’Agriculture qui s’appuient sur une longue expérience. Ce montant constitue la base de calcul de la valeur de rendement. L’expérience montre qu’aujourd’hui, la valeur courante, le prix de vente donc,  est trois fois plus élevée que la valeur de rendement. En chiffres : si la valeur de rendement d’une ferme est de 300 000 francs suisses, le prix de vente est de 900 000 francs suisses. Comment l’agriculteur peut-il financer cette différence de 600 000 francs suisses ?

Les rendements ne suffisent pas pour financer la valeur courante.

Concrètement, cela signifie que si un agriculteur peut acheter une ferme  à sa valeur de rendement, le coût du capital, dans le cas d’une gestion saine, reste dans un cadre raisonnable. Mais quand il s’agit d’acheter les fermes à un prix qui est le triple de leur valeur de rendement, seul peut se le permettre celui qui dispose déjà de biens significatifs.
Encore une idée pour compléter ces réflexions : n’importe quelle autre production industrielle  est dans l’obligation de travailler en couvrant ses frais et calcule ses prix en conséquence. Si les prix des produits agricoles correspondaient  aux charges réelles générées par la production, nous n’aurions pas, dans le domaine de l’agriculture, ce problème apparemment insoluble.

La prévoyance vieillesse  est immobilisée dans la ferme

C’est une question encore plus complexe. Regardons la situation des paysannes et des paysans qui sont obligés de vendre leur ferme, pour des raisons d’âge, parce qu’aucun des enfants ne veut en reprendre la conduite, bien que dans le cas d’une succession directe, l’exploitation soit transmise à sa valeur de rendement. L’ancienne génération paysanne qui était propriétaire des fermes n’a guère épargné dans l’assurance vieillesse : elle a toujours investi l’argent disponible  dans le développement de l’exploitation. Lorsqu’ils abandonnent leur exploitation, ces paysans sont dans l’obligation de financer leur retraite en vendant l’entreprise au- dessus de sa valeur de rendement.

Soixante-dix personnes ont rendu cet achat possible

Herman lutke Schipholt a vu qu’il ne pouvait acheter cette ferme que s’il trouvait un autre moyen de financer la différence entre la valeur courante et la valeur de rendement. Il eut de la chance. Environ soixante-dix personnes qui gravitaient autour de la ferme ont aidé, par des prêts à long terme sans intérêts, des dons et des cautions à réaliser cet achat.
Il y a deux facteurs qui poussent les conditions économiques hors d’un cadre raisonnable pour de jeunes agricultrices et agriculteurs : la spéculation foncière qui entraîne une valeur courante  excessive (prix de vente) et l’interdiction faite aux fondations, associations, coopératives, etc. d’acheter des fermes, même si cela constitue leur but déclaré. Celles-ci pourraient toutefois financer la différence entre valeur courante et valeur de rendement. Elles pourraient ainsi extraire le foncier du champ spéculatif et offrir à de jeunes agriculteurs la possibilité de réaliser leurs rêves.

De nouvelles connaissances ont été acquises

L’étude approfondie de ces questions, les nombreux entretiens avec des banques et des fondations, ainsi qu’avec des personnes privées ont montré à Herman lutke Schipholt les différentes dimensions de l’argent. Il cherche des solutions avec le Verein für biologisch-dynamische Landwirtschaft (« Association pour l’Agriculture biodynamique »).
Ce qui est clair d’une part, c’est que la « production » à la ferme obéit à ses lois propres. La saine croissance des plantes dépend du sol, du climat, donc du soleil, de la pluie, du vent, tous éléments qui échappent à la sphère d’influence humaine, le paysan peut uniquement prendre si nécessaire des mesures de correction. Il en va de même pour les animaux. Dans les fermes en biodynamie, ils sont élevés et nourris  conformément à leur espèce. Ils ne sont pas contraints à des performances productivistes. Leur être est respecté.
D’autre part : dès que les produits quittent la ferme, le paysan devient un acteur économique.
Avec les recettes de ses ventes, il doit pouvoir payer le fermage  ou les intérêts de l’hypothèque ou du crédit,  acquérir du matériel agricole, financer l’éducation de ses enfants et acheter ce qui est nécessaire pour lui-même et la ferme.

Faire sortir les fermes biologiques et Demeter du champ spéculatif

Pour que le mouvement biologique et biodynamique puisse prendre de l’ampleur à l’avenir, il faut que les fermes puissent échapper à la spéculation. C’est une tâche qui concerne aussi bien les paysans que les consommateurs, les banques et les autorités. Tous sont appelés à trouver en commun des solutions.
Le sol ne nous est pas confié pour que nous le possédions, mais pour que nous le cultivions avec soin. Si la conscience de cette finalité grandit, elle modifie notre attitude envers le foncier et le commerce de celui-ci. L’agriculture prend un autre visage.